L'édito le plus long du monde : pour le passage de relais c'est une ancienne (promo 1) qui s'y colle

« Ting ! »
Oui, voilà, considérez le numéro que vous tenez entre les mains comme le « Ting ! » du micro-ondes qui annonce que votre riz Uncle Ben’s est prêt, comme le « Ting ! » qui crie au monde que votre dernière fournée de cookies n’attend plus que d’être dévorée toute crue. Parce que, c’est ce qu’ils sont, les irréductibles auteurs de ces pages, une nouvelle fournée de journalistes en herbe, des héros prêts à affronter l’atmosphère de cannibalisme ambiante pour remplir leur mission de recrues 2010-2011 Keskonatteniennes : vous faire « kiffer ».

Pour ça, et je parle en connaissance de cause, ils vont souffrir. Harcèlement moral à base de « et ton article sur le groupe Lotus, il arrive quand ? » / « Elles sont où les photos qui vont avec ? »/ « Et le chapô ?! », interviews de méchants-pas-beaux qui répondront à côté ou d’un air je-m’en-foutiste à leurs questions, interminables conférences de rédaction dans une salle empestant la caféine, seront leur lot quotidien. Vu d’ici, ils n’ont plus qu’à entamer une cure d’OGM en espérant qu’il leur pousse une ou deux jambes de plus qu’ils puissent prendre à leur coup, et à maudire la pulsion stupide qui les a poussé à s’inscrire en classe journalisme, non ?

Non. Du haut de mon  « statut » de meuf qui a sali deux de ses tee-shirts-pijamas préférés pour peindre « la salle qui empeste la caféine » en juillet 2007, je leur conseillerai d’attendre un peu avant de se ruer sur les boîtes de maïs transgénique. Parce qu’ils vont souffrir, mais qu’ils vont aimer ça. Rencontres fascinantes, spectacles géniaux gratos’, journées loin du collège pour un quelconque truc journalistique, c’est un mélange de tout ça qui les rendra masochistes. C’est un mélange de tout ça qui fera que certains d’entre eux prendront peut être conscience de fourmillement étranges dans leurs mains, leurs neurones. De fourmillements qui les pousseront à jeter sur papier les images brûlantes qu’ils rapporteront d’interview, et à ne plus vouloir qu’une chose : vous raconter.
J’exagère ? Oui et non. Si certains sortent de cette classe avec un poids en moins sur les épaules -parce que oui, vous contentez n’est pas une mince affaire (vous pesez lourd, dit avec moins de tact !)- d’autres sont vite en manque du stress fébrile qui accompagne le journaliste partout où il va. Descente difficile ou passion naissante ? En tout cas, en deux ans, deux nouveaux journaux ont vu le jour à Berthelot : « L’Âne Rouge », l’ainé, et le petit dernier, « Pregnant », auraient été lancés, à ce qu’on m’a dit, par d’anciens caféinés…

Bon, le plus dur, c’est toujours de se taire mais ça y est (enfin !), je laisse la parole à vos nouveaux cookies, aux téméraires de cette année. « Ting ! ». S’il vous plaît, ne les mangez pas tout de suite. A défaut de chair masochiste, dévorez leurs pages, je vous promets, c’est meilleur. Manon A.