Lire entre les lignes manquantes : au travail !


Petit exercice à usage des apprentis journalistes.
Ce qui suit est un exemple de ce qu'un journal de proximité entend par "page interactive". Il est vrai que c'est toujours périlleux d'annoncer à ses lecteurs qu'ils ont la parole et qu'on publiera cette dernière: on s'expose à faire paraître dans ses colonnes des propos que le journal ne tient pas ordinairement et, par définition, on ouvre une brèche par laquelle va s'engouffrer de l'opinion.
Ci-après, on peut lire une contribution de citoyens à la page interactive. Témoins d'une scène inadmissible, propre à rappeler les mauvais instincts d'une police d'un autre âge, ils ont voulu raconter, l'ont fait le plus exactement possible.

Le texte est bien paru, dès le lendemain... mais tronqué ! Pourquoi ?
Aux élèves de chercher des réponses. Bilan lundi avec les lecteurs de ce blog.


L'article envoyé à la NR (en rouge, ce qui a été modifié ou enlevé)

"Quand la police roule des mécaniques

Trois voitures de patrouille, une dizaine de policiers… On ne rigole pas avec la sécurité place Notre Dame ! Pour le premier jour des soldes, on avait décidé de rassurer le chaland : le poitevin pouvait en toute sérénité mettre à sac les bacs d’articles dégriffés dans les boutiques du centre ville, les force de l’ordre veillaient à l’extérieur.
En particulier pour empêcher de nuire cette jeunesse marginale aux longs cheveux mêlés de dreads, traînant son mal être aux alentours de l’étalage insolent de l’abondance moderne. Cherchait-on particulièrement un résultat ? Toujours est-il que sur les centaines de passants de cet après-midi d’hiver, ce sont bien trois jeunes gens, deux filles et un garçon qui ont été sommés de présenter leurs papiers et autour desquels, très vite, s’est déployé un dispositif tout à fait disproportionné ! Au point d’écoeurer ces deux passants, quinquagénaires bien mis, qui s’interrogent sur le but de la manœuvre. « Pourquoi jouent-ils ainsi les cow-boys ? Qui cherchent-ils à impressionner en ennuyant ainsi ces gamins ? Peut-être ces jeunes femmes là-bas ? » demande l’un d’eux aux passants qui assistent à la scène.
Il faut dire que le jeune homme interpellé, menotté, poussé dans l’une des trois voitures (afin d’être « conduit en garde-à-vue » aux dires de l’un des policiers) a davantage l’air, pour le témoin de la scène, d’une victime que d’un coupable.
Ne vient-on pas d’entendre les réponses arrogantes et mêlées de mépris aux sollicitations de la jeune femme qui l’accompagnait : « Pourquoi nous ? Pour notre allure ? Cest votre façon de nous faire commencer l’année ?», ne cessait de répéter la jeune femme, désemparée. « Tu vas pas commencer à me gonfler… Allez, t’as gagné, ce sera la garde à vue, amenez le taxi » décidait alors le policier…
Un des trois embarqué, les deux autres sommés de libérer la place, c’est à une parade que nous jugeons indécente que nous avons pu ensuite assister. Autour des deux véhicules de police, entre rires et plaisanteries, le groupe de « représentants de l’ordre « pouvait afficher une satisfaction que nous ne comprenons pas. Quoi ? Ils auraient réussi en cet après-midi d’hiver à mettre la main sur un petit consommateur de cannabis, troublant d’autant plus l’ordre public qu’il affiche son inadaptation au cœur de la ville ?
La patrouille, rajustant son ceinturon, pouvait adopter le pas martial pour s’éloigner sous le regard interloqué de la plupart des témoins de cette sinistre mascarade..

Séverine Lenhard et Jacques Arfeuillère, habitants de Poitiers. "



La version publiée dans la Nouvelle république

Cachez ces jeunes marginaux que l’on ne saurait voir…

Deux lecteurs poitevins font part de leur émoi après avoir assisté à l'interpelation d'un jeune marginal, hier, devant l'église Notre-Dame-la grande de Poitiers
Trois voitures de patrouille, une dizaine de policiers… On ne rigole pas avec la sécurité place Notre Dame ! Pour le premier jour des soldes, on avait décidé de rassurer le chaland : le poitevin pouvait en toute sérénité mettre à sac les bacs d’articles dégriffés dans les boutiques du centre ville, les force de l’ordre veillaient à l’extérieur.
En particulier pour empêcher de nuire cette jeunesse marginale aux longs cheveux mêlés de dreads, traînant son mal être aux alentours de l’étalage insolent de l’abondance moderne. Cherchait-on particulièrement un résultat ? Toujours est-il que sur les centaines de passants de cet après-midi d’hiver, ce sont bien trois jeunes gens, deux filles et un garçon qui ont été sommés de présenter leurs papiers et autour desquels, très vite, s’est déployé un dispositif tout à fait disproportionné ! Au point d’écœurer ces deux passants, quinquagénaires bien mis, qui s’interrogent sur le but de la manœuvre.
Il faut dire que le jeune homme interpellé, menotté, poussé dans l’une des trois voitures (afin d’être « conduit en garde-à-vue » aux dires de l’un des policiers) a davantage l’air, pour le témoin de la scène, d’une victime que d’un coupable.


Commentaires

Anonyme a dit…
Chouette ! Un jeu : "lire entre les lignes" !!! Mouais, intéressant épisode journalistique, en effet...
Du côté de George Sand, le dernier article, envoyé à la NR hier soir, débute ainsi : "Ecrire un article sur la guerre de Gaza avec les professeurs, c'est se donner une occasion de s'énerver car on va dire ce qu'on pense mais nos phrases vont être transformées !" Professeurs-censeurs ? Point du tout : le texte a été corrigé par les élèves, ils n'auraient laissé passer aucune rature, aucun ajout. Nous verrons si la NR diffuse notre texte en entier : rendez-vous dès lundi sans doute pour vous tenir au courant, histoire de jouer le jeu.
Anonyme a dit…
Ce genre de truc c'est abuzé, mais tellement "courant". C'est arrivé a un journaliste qui avait voulu défendre des africain

Sur un site ,un lien que vous aviez mis, c'était un journaliste qui avait vu des CRS demander a des africains leur papiers, ce journaliste les as défendu "Pourquoi eux, et pas les autres etc.".
Du coup il a était mis en garde a vous mais avant il a était tabassé,menoté trainé comme un chien. Les condition de vie dans sa cellules, c'était pas super super. Il avait appelé plusieur fois un medecin, personne na repondu.

Cette Histoire ma marquée.
Anonyme a dit…
.... Rien à dire c'est juste abusé.
Anonyme a dit…
Ouah...
Liberté d'expression mon cul.